Les méthodes d'amélioration des prairies

Amélioration par la fertilisation

La fertilisation minérale et organique joue un rôle de premier plan dans la conduite de la prairie. D'une part elle assure le niveau de production nécessaire pour l'alimentation du troupeau, d'autre part elle joue sur la qualité de l'herbe et la composition floristique de la prairie. Ce dernier point est particulièrement important pour les prairies permanentes ; la fumure pouvant être utilisée comme technique d'amélioration de la prairie.

Fumure azotée

C'est la fumure azotée qui présente l'effet le plus puissant sur la production et la composition de la prairie.
Elle peut occasionner des changements de flore considérables, en agissant sur les principales espèces :

Par ailleurs, dans certaines prairies naturelles - de montagne en particulier - la diversité floristique (grand nombre d'espèces) résultant d'un équilibre entre le milieu et le mode d'exploitation est une richesse qu'il convient de préserver en limitant, voire en supprimant, les apports de fertilisants, en particulier l'azote.

Fumure PK

Si la fumure phosphatée et potassique a un effet beaucoup moins marqué que l'azote, tant sur la production que sur la flore, elle est presque toujours nécessaire pour maintenir l'équilibre de celle-ci. Dans les prairies recevant une fumure azotée conséquente, la fertilisation PK permettra de mieux valoriser l'azote et d'éviter certaines dégradations de flore (développement de graminées médiocres). De ce point de vue, le potassium favorise souvent les graminées les plus productives, en synergie avec l'azote, mais aussi certaines diverses (pissenlit).

Dans les prairies très pauvres se développent des espèces caractéristiques (marguerite, rhinanthe, flouve odorante, renoncules, etc...) qui diminuent fortement dès que l'on apporte une fumure de fond. Dans beaucoup de cas on peut alors valoriser une fumure azotée pour augmenter le niveau de production.

Pour connaître l'état de nutrition phosphatée et potassique d'une prairie, la connaissance des teneurs en azote, phosphore et potassium de l'herbe suffit. Ce diagnostic de nutrition peut être affiné par l'estimation des réserves de P et K du sol facilement mobilisables.

Principe du diagnostic végétal

En conditions de croissance satisfaisante (pas de contrainte pédo-climatique ou nutritionnelle) la composition des tissus végétaux présente un équilibre entre les éléments N,P et K. Cet équilibre et son évolution caractérisent le comportement normal d'un peuplement végétal en croissance.
Les écarts par rapport à ce comportement sont le reflet d'une absorption insuffisante ou excessive de N,P, ou K.

Chaulage

Comparativement à d'autres cultures, la prairie est peu sensible au pH du sol et il est difficile de mettre en évidence des effets du chaulage sur le rendement. En revanche, dans les prairies très acides (pH inférieur à 5,5 ou 5) certaines espèces médiocres, en particulier la fétuque rouge, sont favorisées. Dans ces conditions, des apports importants d'azote risquent d'accentuer la dégradation de la flore et d'acidification du sol. L'amélioration de la prairie nécessite alors de chauler.

Engrais de ferme

Les apports d'engrais de ferme (fumier, lisier) sont très bien valorisés par la prairie. Ils fournissent à la fois de l'azote, du phosphore, du potassium et d'autres éléments, en proportion proche des besoins de la prairie.

A dose totale d'azote équivalente, ils n'entraînent pas de dégradation de la flore comparativement à l'engrais minéral. On observe souvent même un effet améliorant. Certains essais ont aussi montré que l'effet dépressif sur les légumineuses est moins prononcé qu'avec l'azote minéral.

Toutefois, des apports importants, surtout en situation à fortes fournitures d'azote par le sol et/ou à flore médiocre, peuvent entraîner de fortes dégradations de la prairie (développement des ombellifères par exemple). De même, selon l'alimentation des animaux, les fumiers et les lisiers peuvent contenir des graines d'adventices et assurer ainsi leur dissémination.

L'apport d'engrais de ferme sous forme de compost présente l'intérêt d'apporter des dose plus faibles, de réaliser une meilleure répartition des engrais sur l'exploitation et d'assurer la destruction des germes pathogènes et des graines de mauvaises herbes sources de refus. Le compostage demande cependant plus de travail et un équipement particulier.

En résumé, on s'efforcera d'adapter la fertilisation au mode d'utilisation de la prairie afin de contrôler la qualité de la flore en évitant sa dégradation aussi bien par surfertilisation que par surexploitation.

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